Passer au contenu

Un "Vis ma vie" de personne handicapée pour lutter contre le téléphone au volant

Par

La préfecture de l'Hérault expérimente des stages alternatifs aux poursuite pour les automobilistes arrêtés avec le téléphone au volant. Deux heures passées au centre neurologique Propara à Montpellier qui marquent les esprits.

Téléphoner au volant multiplie par trois le risque d'accident - photo d'illustration
Téléphoner au volant multiplie par trois le risque d'accident - photo d'illustration © Maxppp - Jean-Francois FREY

Arrêtés pour avoir téléphoné ou envoyé un sms avec le smartphone au volant, quinze automobilistes ont passé l'après-midi au centre neurologique Propara à Montpellier. Un stage alternatif à la perte de 3 points assortie d'une amende de 135 euros. Le centre Propara accueille des personnes devenues paraplégiques ou tétraplégiques à la suite d'accidents de la route pour la plupart. Deux heures passées auprès des soignants pour réaliser ce qu'est la vie d'une personne handicapée, au-delà du fauteuil roulant.  

Et l'effet est radical. Choqués par les images et les récits, les contrevenants assurent avoir compris le message, ne plus utiliser le portable au volant. Car les risques sont importants. Téléphoner multiplie par trois le risque d'accident, envoyer SMS par 23. Le smartphone au volant est à l'origine d'un accident corporel sur 10. Dans l'Hérault, "4000 personnes ont été arrêtées avec le téléphone au volant, 800 rien que sur la ville de Montpellier, et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg" précise Mohamadou Diarra, le directeur de cabinet du préfet de l'Hérault.

La sécurité routière a créé une application "Mode conduite" pour prévenir les personnes qui vous appellent.

Téléphoner multiplie par trois le risque d'accident, envoyer sms par 23

Le début du stage est presque bon enfant avec le maniement des fauteuils roulants, mais le discours se corse sans être culpabilisant. Les stagiaires découvrent la vie cachée d'un accidenté de la route. La séparation la plupart du temps, la perte d'un emploi, les mois d'hospitalisation , la douleur physique quasiment chronique, les escarres qui creusent la peau jusqu'à l'os. Et les gestes du quotidien qui prennent du temps lorsque l'on peut les faire tout seul. Elodie et Dominique, les infirmiers du centre expliquent l'utilisation des sondes pour uriner, et les selles : "Il y a énormément de personnes qui ne sortent plus de chez elles à cause des troubles du transit. Tous les matins, on leur met un suppositoire qui va faire descendre une partie des selles, et le reste il faut aller le chercher. Imaginez, psychologiquement, aller se mettre un doigt pour faire sortir les selles".  Rien n'est épargné aux stagiaires, les fauteuils remboursés 600 euros pour un coût moyen de 3000 euros, 5 fois plus pour l'électrique, l'obligation de déménager ou d'adapter un logement. Bref, une longue descente dans la réalité d'une vie brisée en une seconde.

En une seconde, la vie est bouleversée dans toutes ses dimensions

Pour les stagiaires c'est le choc. "Je suis choqué" nous confie Mourad, pourtant chauffeur de bus, J'ai pas envie de me retrouver comme ça, dépendant des gens, de ma famille, de ma femme. ne pas pouvoir avoir des rapports normaux avec sa femme. On s'imaginait pas tout ça, pour un geste anodin. Je vais retenir beaucoup de choses de cette journée. Maintenant je vais faire attention. Moi, mes collègues, ma famille. Dès que j'en vois un au téléphone, je vais le réprimander".

Un stage qui en effet semble fonctionner. Une victoire pour Séverine Liautaud, coordinatrice de l'éducation thérapeutique au centre Propara "Notre présentation s'intitule Quand la vie bascule, et c'est exactement ça. D'une seconde à l'autre, on peut se retrouver avec un bouleversement complet de _toutes les dimensions de sa vie__. Nos patients ont tout à reconstruire. C'est une lutte quotidienne. Si dans 6 mois, la personne qui a le reflex de prendre son téléphone ne le fait pas en pensant à nous, on aura gagné_".

loading
loading
loading
loading

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

undefined